jeudi 15 juin 2017

Supplique de L'Enfant


Dessin de Pascal Dagnan-Bouveret (1852-1929)


Les mots sont perpétuels et sont le signe de Ta Mystérieuse Présence
Tu m'as appris à me lamenter, à pleurer, à puiser dans la souffrance cette ardeur
Si je m'appartiens, ce ne peut être qu'un triste leurre
Je suis à Toi dans les flux de Ton Désir issu de la Pré-existence
Chaque jour je suis Ta création et Ton regard fusionnel
Le mariage est cette Union fidèle dans la vision du Plan Céleste
Je suis ivre de la Permanence de Ton regard
Ton chef d'œuvre est ce pétrissage et cette alliance
L'argile est Ton art et le Souffle Vital est Ta vie
Je suis l'argile pétrie et Ton chant, la sève de Ton Témoignage
Je suis celle qui s'expatrie en restant présente
Je suis celle qui ressent cette vie la caresser
Je suis la caresse sur les parois adoucies par les mains de Son Bien-Aimé
Je suis ivre du chant qui me traverse et peut à peine se taire
Je trempe cette plume de toute éternité dans l'océan de Ta Clémence
Mon Amour, Mon Amour, y a-t-il plus mystérieuse symphonie?
Qui enlèvera à cette pauvre folle le désir de Toi?
Préserve-moi dans mon aliénation pour Toi de la séparation de Toi
Celui qui a connu, ne peut plus jamais oublier même dans les méandres de sa nuit
Ton Âme, Ton Âme T'appelle sans jamais se lasser
Ô je suis l'enfant qui court les bras tendus
Celle qui souffre dans la matrice de la gestation
Ô je suis l'âme unie à Toi pour toujours, mise à nue
Ô je suis les larmes qui creusent mon ravin d'où s'écoule l'impur limon,
Ô je suis celle qui voit tomber les voiles de l'imperfection
Ô je suis celle qui s'évade dans la réalité cuisante de son sentiment
Ô je ne distingue plus la raison car Tu as libéré cette pulsion
Je Te rencontre en dehors de tout lieu connu, de toute attente
Ô Mon Ami, je suis sous l'emprise de ton Parfum qui m'ôte toutes les illusions
Et si ce souffle est pure imagination, Soit Loué de m'avoir donner l'évasion
Ô je suis à Toi pour l'éternité de ce moment présent
Bénie soit cette rivière d'abondance, cette vie qui me transporte
Bénie soit cette voix douce qui me dit: « Tu es à moi. »
Bénis soient les scribes purs qui inscrivent chacun de Tes mots
Ô comme j'aime leur livre de lumière et leur yeux témoins de Toi
Comme je frôle de mes petits doigts leurs ailes étincelantes
Et comme je sens leur caresse d'amour pour tout ce qui est Toi
Et comme je sens leur majestueuse communion avec Ta volonté
Et comme je sens leur état de servitude en Ton Royaume Céleste
Et comme je sens ma petitesse en cette Valse qui provient de Ta Richesse
Et comme je suis si émue de faire ces pas modestes dans Ton Palais
Et comme je suis éblouie par Tes effluves d'Amour inépuisables
Et comme je fais ma pitoyable révérence et ma ronde hébétée
Autour de Ton Noble messager
Celui qui court si vite et si loin par ses vagues de lumière traversant le temps
Celui qui lorsqu'on l'appelle est déjà en nous fou d'amour pour Ton âme
Que Tu as déposé en chacun de ce nous
Et dans Son regard plein du Secret, je tournoie ivre de chaque Toi
Car je Te vois partout, dans cette rivière d'abondance et suis l'Amoureux transi
J'appelle ces âmes qui sont Toi, et je m'étourdis de Toi en EUX.
Je m'étourdis ALLAH de Ton Nom inscrit dans leur secret
Parfum de Toi répandu partout et caché sauf pour ceux qui voient par Toi.
Toi, partout, je suis devenue folle de Te sentir partout et je préfère rester dans le secret.
Que ma ronde Universelle soit dans le secret des pages qui témoignent de cette vérité.
L'amant voit partout Son Aimé.
Je choisis d'être dans ce lieu réuni, jusqu'à ce que Ton éclat cache cet éclat.
Que Ton éclat soit l'axe de Ta Seule Réalité Impersonnelle
Que je devienne cet unique Axe qui tournoie sur LUI-Même
Que cet Axe soit Toi par Toi
Chemin de mon Retour, de ma vie de mon regard, de l'Unique
Chemin de l'Amour inconditionné
Chemin de la Parole issue de Ton Livre des Origines
Résorbé en ce qui est Toi
Sans Témoin en dehors de Toi.
Jusqu'à ce que Tu sois L'Astre Total de mon Cœur
Stabilisant Ton ÊTRE en moi
Offre à cette mendiante la Contemplation unifiée
Ou la folie à tout jamais, enchaînée par Ta Lumière jusqu'au plus profond de mon être.

Océan sans rivage (2013)

mardi 13 juin 2017

Je T'aime jusqu'à suffoquer d'Amour


Peinture de Freydoon Rassouli


Voici ce qui est enfin la vérité de la vie : Rencontrer Celui qui aime se rencontrer
Contempler Celui qui aime se contempler
Aimer Celui qui aime aimer
Parler avec Celui qui parle
Écouter Celui qui écoute
Être avec Celui qui Est.
Ai-je trouver Le Seul qui soit Patient ?
Ai-je trouvé Celui qui ne rejette pas l'Amant ?
Ai-je enfin la plénitude d'être avec Celui qui aime sans intérêt?
Le fidèle invite le fidèle à Sa Cour.
Il l'honore de l'honneur de ceux qui n'ont aucun mérite
Et qui connaissent la pure faveur qui comble leur cœur.
Qui peut ainsi donner sans compter ?
A qui peut-on présenter un cœur si petit ?
Qui peut recevoir comme offrande ce morceau de chair ?
Qui agréé l'offrande et connaît sa profondeur ?
Même s'Il demande en échange, qui peut Le satisfaire ?
Il est au dessus de toute offrande
Il est Celui qui les mérite toutes.
Comment Satisfaire Celui qui nous satisfait ?
Comment parvenir à Son éloge Parfaite ?
L'âme s'est jetée aux pieds des amants et a demandé :
« Apprenez-moi à aimer Celui qui occupe jour et nuit vos pensées,
A l'honorer, à Le satisfaire, à être toute à Lui,
Je suis une ignorante qui L'aime avec une piètre ferveur,
Pourtant, j'aspire à rencontrer Celui qui m'a toujours donné,
Toujours emplie, toujours émerveillée,
Comment puis-je L'oublier ?
Suis-je une misérable ayant une ambition éloignée de ma réalité ?
Ou suis-je incapable de renoncer à cette prétention ?
Comment puis-je faire Ô Mon Seigneur ? »

Je T'aime comme on aime lorsqu'on rentre dans un autre monde,
Je T'aime comme lorsqu'on donne la main à Son Bien-Aimé.
Je T'aime comme lorsqu'on se perd dans les yeux de Son Amant,
Je T'aime jusque dans le fusionnement,
Je T'aime sans supporter la séparation,
Je T'aime courant sur le sable en riant,
Je T'aime voyant la féerie m'envelopper,
Je T'aime jusqu'à suffoquer d'amour.
Je T'aime et mon corps si frêle ne peut le supporter.
Comment Te voir et T'abandonner ?
Comment T'aimer, sans condition ?
Comment échapper au lieu et à l'instant ?
Comment Te trouver au sein de cette poitrine,
Cette poitrine qui se sert à tout moment ?
Comment le souffle peut-il être encore alors que je souhaite la mort ?
Je T'aime comme sait aimer une âme.
Je T'aime comme sait aimer une femme.
Je T'aime dans le secret de mon amour.
Je Te cherche dans le déchirement qui brûle.
Mon cœur est un encensoir tout entier et mes râles sont ce feu allumé.

Océan sans rivage (2013)

Voici mon cœur


Rhythm of a Mystic Heart, peinture de Sadaf Farasat


Mon bien-Aimé, Tu es Le Seul dont le Souvenir peut m'obséder,
Et je désire que mes yeux s'évanouissent sous Ton Regard.
Fais que Ta misérable servante puisse se perdre dans La Vision,
Ne relève pas les yeux, ni ne les baisse, tant d'audace,
Je le sais nuira à cette folle qui implore Ton Amour
Et dans la nuit, quand les portes s'ouvrent à ce délire
J'ai vu la lumière m'envelopper.
J'ai couru sans évaluer le danger.
Cette lumière et ces portes dans le secret.
Quelle est donc cette ouverture dans l'autre monde?
La joie de me sentir cernée de Ta Lumière.
La vision du sceptre!
Ô Roi, nul ne peut parler après cela.
Comment, ne voir que Toi ?
Comment voir autre que Toi ?
Seul le Possesseur de ce cœur peut voir ce qui s'y trouve,
Seul Celui qui a mis LUI, le verra.
Les autres peuvent bien être sourds et muets à notre Amour.
Le lien est le secret de notre chant Éternel.
Je chante la Louange qui est Tienne.
Un tel amour n'a pas de témoin, sauf Celui qui en est L'Acteur et l'Auteur.
Celui qui est entré dans la Folie, a-t-il Ta Clémence ?
Peut-il espérer que Tu lui pardonnera ses confusions ?
Si la souffrance est purification, alors, purifie Ta Maison,
Mon Dieu, le Dieu de mon âme et de tous mes mouvements,
Le Dieu de mon puits, et le Dieu de mon désert,
Le Dieu de ma compagnie et le Dieu de ma solitude,
Tu es le Seigneur qui a toute autorité par Ton Décret Supérieur.
Ah je T'ai vu comme la mariée qui se fait attendre,
Mais de languir n'est pas le désespoir,
De Te voir à travers les voiles, est comme le signe de la levée des voiles.
Seigneur, Seigneur, use de toutes les ruses, et quand je serai complètement épuisée
Alors, redonne-moi les forces pour encore Te chercher.
Redonne à cette folle le courage de T'attendre sans relâche,
Redonne à cette insensée les mots pour T'implorer et vivre dans le désir de T'attendre.
Les larmes ont glissé sur le tapis de la Proximité
Comme des perles qu'on ne peut retenir,
Les déchirements du cœur,
La terrible peur
Ne laisse pas celle qui Te supplie jour et nuit
Qui a vu les tourmentes de ce monde immonde
Qui souffre du malaise de n'avoir jamais été constante
Qui connaît aujourd'hui la Réalité de Ton Monde Supérieur
Pour avoir connu les eaux troubles d'un monde inférieur
Qui sait que pour parvenir en Ton Royaume
Il faut passer par le plus inaccessible des sentiers,
Tes élus l'ont déjà fait.
Tes nobles chevaliers qui connaissent les secrets de Ta Réalité,
Qui savent que la vie dépasse les événements,
Que marcher vers Toi, est une demande perpétuelle de Pardon,
Ne laisse pas cette insensée T'implorer sans la faire parvenir à l'éclatante Victoire,
Ô Toi, le Vainqueur !
Donne à cette pauvre petite réalité, la possible vérité de L'Amour.
Puissions-nous de par Tes libéralités Inépuisables, par Ton Audience Remarquable,
Par Ta Miséricorde ineffable, Ton Océan infini
Ta Lumière Sublime, Ton Secours Charitable
Ta Grâce sans partage, par les faveurs octroyées à tes purs serviteurs,
Les Réalités réunies dans le Bien-Aimé de Tes créatures,
Par Son Amour indéfinissable, par Sa majesté et grandeur,
Par le secret qui est Tien avec Lui,
Par l'Amour que Tu suscites à ceux qui l'ont vu,
Et par l'Amour que Tu suscites en ceux qui ne l'ont pas connu,
Par les lumières que Tu as manifesté en cet être pur,
Par les sublimes parfums de Son Essence,
Par La Réalité De Son âme et les Beautés de son corps,
Par ce qui peut se dire, et ce qui se tait,
Par les prières des anges et les prières de Ta Sublimité,
Par les salutations de toutes les créatures, et par tous les souffles réunis,
Agréé les suppliques de cette mendiante qui est venue au monde
Qui ne sait vivre qu'en détruisant l'intrus et clamer Ta Grandeur pour Te retrouver.
Marcher, marcher encore, sans jamais s'arrêter,
Jusqu'à trouver l'isthme des deux mondes
Peut-être que cette folie m'a arrachée de celui que mes pas foulent encore,
Peut-être que cette folie m'a poussée des deux mains en extirpant ma raison ?
Voici mon cœur !

Océan sans rivage (2014)